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Sans complexes ? un manga sur l’acception de soi

Sans complexes ? un manga sur l’acception de soi

Découvrons aujourd’hui, Sans complexe ? une petite série de mangas josei qui parle d’acceptation de soi et de passage à l’âge adulte avec beaucoup de sensibilité.

Sans complexe? c’est un récit « tranche de vie » qui parle d’une jeune femme qui s’appelle Tsubomi surnommée Bomi qui après le lycée fait le choix de direct entrer dans le monde du travail. Entre adolescence et âge adulte, nous suivrons dans l’écriture subtile de Ryo Ikuemi l’évolution tout en fragilité de ce personnage. Car si Tsubomi a l’air d’accepter sa place de second rôle dans propre vie pour éviter les remous, est-ce que l’entrée dans l’âge adulte sera pour elle synonyme de changement et pourra t’elle se réinventer pour dépasser ses complexes et les préjugés des autres et enfin prendre son envol ?

Synopsis

Tsubomi Shirakawa est une lycéenne banale et perçue comme sans relief pour son entourage. Elle n’est ni celle que tout le monde regarde au lycée ni l’élève reclus ou maltraitée. Trop ronde, avec un physique disgracieux pour les standards actuels au Japon, elle a fait le choix de passer sous les radars durant tout son lycée en restant dans le rôle la bonne copine. Elle a ainsi réussi à éviter de se faire remarquer et à conserver des relations avec certaines filles populaires comme Sayo Hasegawa ou son amie d’enfance Eiko Katakura, qui s’est métamorphosée pendant l’adolescence pour plaire aux mecs. Entre soumission aux désirs des autres et la maltraitance ordinaire (au risque de se faire traiter de grosse truie) des relations lycéennes, Tsubomi a survécu au lycée.

Sans complexe?, extrait du volume 1 ©Ryo Ikuemi / Editions Akata

Alors qu’elle découvre en regardant la télé que l’avenir sourit à sa jolie cousine Noni qui débute une carrière dans l’entertainment et devient peu à peu une star, Tsubomi va rencontrer à son travail des personnes qui vont l’amener à imaginer de nouveaux possibles pour elle.

Tout juste diplômée, elle n’ira pas à la fac et décide de prendre dans un petit boulot au sein d’un magasin de vidéos tout en squattant chez ses parents par soucis pratique. C’est dans ce quotidien ordinaire où elle était prête à s’engluer sans réfléchir que Tsubomi va petit à petit décider de changer.

En effet, alors qu’elle n’a jamais eu de conversation normale avec un garçon durant toutes ses années collège et lycée, Tsubomi va rencontrer Ayumu Shirokawa (Shiro), un collègue de 19 ans très ouvert, solaire et très sociable. Shiro lui fera bientôt rencontrer Nasukawa, propriétaire d’un petit restaurant qui va chambouler encore un peu plus sa vie…

Un ton nuancé pour décrire le quotidien

L’un des éléments les plus marquants de ce manquant est bien la justesse avec laquelle la mangaka Ryo Ikuemi réussit à dépeindre de manière nuancée, les sentiments des personnages principaux en explorant leurs émotions, leurs relations et leurs luttes personnelles avec une profondeur réaliste.

Une jeunesse en perte en repères

Thème principal du manga Sans Complexes?, la complexité des êtres humains et la nuance de leurs personnalités est traitée avec justesse et simplicité tout au long des pages. L’œuvre explore les différentes facettes des personnages, mettant en lumière leurs imperfections, leurs émotions et leurs relations de manière réaliste et profonde.

Si Tsubomi parait presque passive, en retrait et fragile au début du manga, elle n’est pas la seule à être à la recherche de sa place dans la société. Son amie d’enfance Eiko qui parle fort tout comme le sympathique Shiro apparaissent certes plus à l’aise en société mais finalement semblent eux aussi en recherche de reconnaissance. Car même si Shiro, son jeune collègue, semble être son opposé ce qui crée une belle dynamique reposant sur leurs différences, au final n’est-il pas trop jovial ? On sait combien être hyper social peut aussi être une carapace.

Si pour Bomi perdre du poids semble être une solution de bien-être, le discours de l’autrice ne semble pas pointer vers une pensée simpliste et souligne bien que le corps parfait n’est pas la solution. Ainsi, l’amie mannequin de Bomi, bien que mince et belle, a des complexes qui laisse deviner un sentiment d’insécurité qui n’a rien à voir avec son apparence.

Mettant ainsi en évidence avec subtilité, la complexité de réussir à s’aimer soi-même sans chercher l’approbation des autres pour chaque personnage, Ryo Ikuemi choisir de peindre une réalité complexe avec nuances.

En se concentrant sur la vie quotidienne et sur des personnages variés, ce manga permet à tous la possibilité de s’identifier aux différents personnages en offrant une perspective authentique sur les interactions humaines, les défis personnels et les émotions complexes que chacun peut ressentir.

Changer pour grandir

Les questions soulevées par Tsubomi au fil des pages sont très réalistes et parleront à beaucoup d’entre nous. Avoir une mauvaise image de soi et vouloir en changer sont deux choses différentes. Mais, finalement est-ce que ce n’est pas cela grandir ? Tsubomi cherche à trouver le courage de changer et d’évoluer pour réussir à progresser dans sa vie. Cependant, peut-on vraiment évoluer lorsque le regard des autres sur nous ne change pas ? En effet, malgré ses efforts, il semble que certaines personnes de son entourage la regardent toujours du même oeil. Alors à quoi bon ?

Sans complexe? ©Ryo Ikuemi / Editions Akata

Car grandir ce n’est pas seulement évoluer par rapport aux autres mais aussi croire en soi et arrêter de chercher à être celle ou celui que l’on est pas. En cela, l’un des thèmes central de ce manga reste la construction de l’héroïne par rapport aux regards des autres qui peuvent être à l’origine des complexes que l’on développe. Cependant, on voit s’ébaucher aussi des questions plus intimes lorsque nous nous penchons sur la relation de Tsubomi et sa cousine Noni. Cette relation à la fois moteur de l’action et origine de complexe, car les autres n’arrêtent pas de les comparer, révèle combien parfois un complexe peut naître dans notre propre esprit par effet de comparaison avec des images sublimées de nos proches.

Ryo Ikuemi, une mangaka emblématique

Ryo Ikuemi a profondément marqué le lectorat féminin au Japon. Son influence se fait sentir chez de nombreuses autrices célèbres, dont les talents ne sont plus à prouver comme les mangakas très connues en France Ai Yazawa et Io Sakisaka, pour ne citer qu’elles, qui parle d’elle comme d’une inspiration pour leur propre travail.

Elle incarne l’une des figures emblématiques de ces dernières quatre décennies. Imaginez-vous, elle a débuté sa carrière alors qu’elle était encore au lycée, au tout début des années 1980. Depuis, elle a écrit plus d’une cinquantaine d’histoires, marquant ainsi l’histoire du shôjo et du josei manga de son empreinte indélébile. Il y a dans ses histoires un vraie volonté de capturer l’essence même de ce que signifie être femme dans ce monde complexe. Et pour cela, elle mérite toute notre admiration et notre gratitude.

Paru entre 2005 et 2007 au Japon sous le nom Cousin (un titre plein de sens une fois que l’on a lu le manga), ce manga ne sera édité en France qu’en 2022. C’est Akata, affirmant encore une fois sa volonté de mettre à l’honneur des autrices en France, qui choisit de publier Sans complexe ? dans sa collection médium pour un public jeune adulte. Prépublié dans un magazine de mode dans son pays d’origine (magazine Zipper de Shôdensha dont proviennent notammment d’autres mangas connus en France comme Paradise Kiss d’Ai Yazawa) ce manga est en effet une série de josei manga très actuelle qui parle du lien entre la confiance en soi et le regard des autres mais avec un traitement adulte et complexe.

En résumé

Ryo Ikuemi nous propose un manga qui colle à son époque. Prépublié dans un mangazine de mode, elle y décrit une société où les apparences sont reines et où la confiance en soi est compliquée à construire quand on ne rentre pas dans le moule attendu par la société. Entre histoire d’amour et histoire de corps, contraintes du régime et doute sur son avenir, Ryo Ikuemi nous offre dans cette courte série en trois volumes, une image juste sur la jeunesse qui se cherche et sur le passage à l’âge adulte.

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Great
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Pros

Une écriture mature pour décrire l'évolution psychologique des personnages

Une petite série en seulement 3 volumes déjà parus

une autrice peu connue en France qui mérite d'être découverte

Cons

Des planches parfois complexes car on y mêle les pensées et les dialogues des personnages

Comme le propos est subtil, la volonté de Bomi de perdre du poids peut être lue comme la solution proposée par la mangaka alors que non

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