Il y a des albums qui parlent d’eux-mêmes, sans jamais forcer, juste en se posant sur nos mains comme un petit oiseau un peu timide.
L’Oiseau de Colette, publié chez La Pastèque, fait partie de ceux-là.
Je l’ai lu un soir calme, et quelque chose s’est ouvert en moi : ce petit livre raconte avec une délicatesse rare ce que vivent tant d’enfants… et tant d’adultes aussi.
Lorsque l’imagination remplit la solitude
Colette est seule.
Pas triste, juste seule — comme beaucoup d’enfants qui déménagent, ou qui grandissent dans des environnements nouveaux où tout est encore un peu flou.
J’ai beaucoup aimé la manière dont l’autrice aborde cette solitude : sans dramatiser, sans la rendre lourde, mais en la montrant comme un espace vivant.
Ainsi dans cette bd, Colette crée un espace où l’imagination devient une compagne, une amie fidèle qui la protège et devient un pont vers les enfants du quartier.
Colette invente un oiseau.
Et cet oiseau devient un prétexte à aller vers les autres, à entrer en contact, à créer une histoire commune.
Je trouve cela incroyablement vrai :
Quand on est enfant, l’imagination n’est pas un refuge pour fuir — c’est un tremplin pour s’ouvrir au monde.


Un rêve synonyme de rencontre et qui aide à grandir
Ce petit mensonge poétique, cette histoire d’oiseau, permet à Colette d’avancer, d’oser sortir d’elle-même.
L’album montre avec finesse que les rêves ne sont pas des illusions, mais des outils précieux pour grandir, pour se construire, pour apprivoiser le monde.
C’est ce qui m’a énormément touchée :
Chez Colette, le rêve ne remplace pas la réalité — il la colore, il la rend plus douce, plus accessible, plus belle.C’est avec beaucoup de douceur et de poésie que l’autrice québécoise Isabelle Arsenault pose ses touches jaune soleil pour montrer la beauté de l’imagination solitaire, compagne joyeuse de l’enfance.
Ainsi, au fil des pages, ce beau rêve solitaire crée un pont.
Un pont vers les autres enfants.


À travers cette quête d’oiseau, Colette découvre quelque chose de plus grand : on n’a pas besoin d’être seul pour rêver.
Les rêves se partagent, se transforment.
Ils deviennent un terrain commun.
C’est une fable magnifique sur ce moment où la solitude s’ouvre, où l’enfant découvre que le monde peut être doux.
À propos de l’autrice
Isabelle Arsenault est née en 1978 au Québec. Elle a étudié en design graphique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) avant de s’orienter vers l’illustration de livres jeunesse.

Son travail graphique est apprécié pour sa douceur, sa finesse, ses palettes de couleurs délicates et son univers poétique.
Distinctions et reconnaissance
- Elle a remporté plusieurs fois le prix du Gouverneur général pour l’illustration au Canada.
- 2 de ses livres ont figuré dans la liste des « 10 meilleurs livres illustrés de l’année » par le The New York Times.
- Elle collabore avec l’éditeur La Pastèque à Montréal, notamment pour l’album L’Oiseau de Colette.
Une poésie graphique
Son trait, léger mais expressif, s’accorde parfaitement avec les thèmes présents dans ses bds : la nuance, la poésie, l’enfance pleine d’imagination. En effet, on peut noter dans L’Oiseau de Colette comment elle transpose visuellement avec justesse la solitude de l’enfance, l’imagination compagne et la rencontre qui ouvre l’horizon de la petite héroïne. Ainsi, Isabelle Arsenault met en image avec justesse un monde intérieur et le rend accessible aux plus jeunes.
Si L’Oiseau de Colette m’a touchée par sa délicatesse et sa manière de raconter la solitude, ce n’est pas mon premier coup de cœur pour le travail d’Isabelle Arsenault.
J’avais déjà été profondément marquée par Jane, le renard et moi, un album d’une grande sensibilité qui mêle intimité, vulnérabilité et poésie visuelle.
C’est avec ce livre que j’ai découvert la force émotionnelle de son trait, et la finesse avec laquelle elle donne vie aux émotions
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