Le Goût des Retrouvailles est un manga qui respire la douceur et qui nous offre une véritable invitation à la réflexion sur le lien parental. Ce titre intimiste publié chez Akata, est écrit et illustré par la mangaka encore peu connue en France Nozo Itoi. Dès les premières pages, il surprend par son approche délicate des relations humaines, particulièrement autour des thèmes du pardon et de la réunion avec des êtres chers. Ce manga en trois tomes nous interpelle sur des sujets complexes comme la relation parent/enfant en les traitant avec une simplicité touchante mêlant humour et douceur.
Le lien parent/enfant, une thématique touchante et complexe
Le goût des retrouvailles c’est l’histoire de la rencontre d’un père et de sa fille. Rutsubo a neuf ans et c’est une petite fille meurtrie par la vie. Abandonnée par son père qui ne s’est jamais intéressée à elle, elle a grandit sans l’amour d’une mère morte en couche dans la famille de son oncle qui ne voulait pas d’elle.
Élevée par sa grand mère, sa tante profite de l’hospitalisation de cette dernière pour se débarrasser de Rutsubo en le voyant chez son père. On comprend ainsi assez rapidement pourquoi Rutsubo décide de se fermer au monde. Ce monde qui ne veut pas d’elle, elle aussi va le rejeter. Enfermée dans un mutisme complet, la petite Rutsubo est une enfant sombre mais très intelligente qui porte un regard presque d’adulte sur la vie et les gens qui l’entourent.
Rutsubo a la particularité d’avoir des souvenirs très clairs de sa vie intra-utérine et elle ne peut pas pardonner à ce père qui les abandonnées elle et sa maman.
Le manga débute avec le retour forcé de Rutsubo vers ce père inconnu qui va devoir apprendre à devenir père. Car Shima, le père de Rutsubo est loin d’être le père parfait, il ressemble plus à un grand adolescent maladroit. Bourreau des cœurs, sympathique mais un peu perdu et dans son monde, il devra tout apprendre du métier de papa tout comme Rutsubo devra, au moins pour le temps d’un été, apprendre à devenir moins farouche et surtout accepter de devenir une fille.
Ainsi, l’autrice nous entraîne avec elle dans l’étrange rencontre de cette petite fille trop mature pour son âge et de cet homme de 38 ans aux allures de grand adolescent.
À travers des chapitres courts, la mangaka nous plonge dans des scènes de la vie de tous les jours, où chaque petit moment partagé, premier repas, premier mot, première sortie, se dessine comme autant de pas dans une relation à construire.
Les dialogues sont empreints de sincérité, chaque mot et chaque silence portent un poids émotionnel, amplifié par un style de dessin tout en finesse.
Le goût de la simplicité retrouvée
Le véritable charme de Le Goût des Retrouvailles réside dans sa capacité à capturer la simplicité. Contrairement à beaucoup d’œuvres contemporaines qui misent sur l’exagération, ici, tout est dans la retenue. Les personnages ne sont ni des héros flamboyants ni des figures tragiques. Ce sont des gens ordinaires avec des histoires ordinaires, et c’est cette simplicité qui touche en plein cœur.
Les lecteurs se reconnaîtront dans les situations dépeintes, qu’il s’agisse d’un repas partagé après des années de séparation ou d’une promenade dans les rues d’un village d’enfance. Chaque scène évoque des souvenirs, des odeurs, des sensations familières, réveillant en nous le goût des moments passés et le désir de les revivre.
Un manga qui invite à la réflexion
Derrière cette apparente légèreté, Le Goût des Retrouvailles explore subtilement des thèmes plus profonds comme l’importance des liens interpersonnels et la valeur du temps. À travers chaque chapitre, l’auteur nous invite à réfléchir sur ce qui compte vraiment dans la vie : ces moments de retrouvailles, parfois inattendus, qui nous rappellent pourquoi nous sommes attachés les uns aux autres.
Ce manga est ,dans ce sens, plus qu’une simple lecture : c’est une invitation à ralentir, à regarder les moments partagés avec nos proches comme autant de liens que nous tissons pour mieux nous comprendre et nous retrouver.
Le Goût des Retrouvailles est un très joli manga au trait doux et léger qui aborde le sujet de la relation parent-enfant sous un angle atypique. La construction du lien entre cette petite fille et son père nous interroge sur ce lien que beaucoup voit comme inné mais qui, comme toute les relations humaines, se construit au fur et à mesure de tous nos échanges, nos regards et nos silences partagés.
